Alevilik Aşkına - fr

Alevilik Aşkına

Recherche, tournages, enregistrements et création autour de la musique alévie du Dersim, Anatolie, Turquie.
Un road-movie musical / poésie / concert.

Une production Trans-Aeolian Transmission.

Alévisme & Dersim
 

Pic: Akın Gedik

Alévisme: peut-être un syncrétisme du zoroastrisme, du chamanisme, de l'islam et d'autres influences, insistant sur la croissance spirituelle intérieure plutôt que sur les manifestations extérieures de la foi et considèrant la nature comme sacrée.

La grande majorité des habitants de la région du Dersim, traversée par le fleuve Munzur, adhèrent à l'alévisme et appartiennent à l'ethnie kurde (bien que de nombreux Alevis dans d'autres régions de la Turquie soient d'origine turque).

"Nous ne sommes pas musulmans. Et nous ne croyons pas qu’un paradis nous attend après notre mort. Pour nous, le paradis et l'enfer sont ici sur terre. L'alévisme n'est pas une religion. Nous sommes tous égaux: femmes, hommes et nature.”  Les hommes et les femmes alévis prient ensemble, prônent la tolérance pour toutes les religions, ne font pas de prosélytisme, ne cherchent pas à convertir.

Ils rejettent la rigide loi de la charia, ils ne se concentrent pas sur les démonstrations extérieures de piété mais prônent un développement spirituel intérieur, principalement appliqué en traitant les gens avec gentillesse et générosité, plutôt que par le biais de rituels. Et la musique est un formidable vecteur.


"Alevilik Aşkına": le film (version française)


Zeynel Dede: élégies, chant & cura

Ulaş Umut Mercan: bağlama & chant
Zoé Martinot: batterie
Gianna Greco: basse, chant, vidéo
François R. Cambuzat: recherches, guitares, chant, m.a.o., vidéo

Montage : Carlo Mazzotta


"Alevilik Aşkına" est soutenu par l' Institut français de Turquie à Ankara / Ankara Fransiz Kültür Merkezi Müdürü


Contact

C’est entre Mésopotamie et Anatolie, vers l'an 1000, que serait né l’Alévisme. Cette région située au carrefour de diverses aires culturelles a probablement contribué à développer le caractère syncrétique de l’Alévisme.


La spiritualité unique de cette région s'avère être un défi pour les monothéistes. Les dogmes ont disparu: l'Alévisme est centré sur la liberté de conscience religieuse.


L'Alévisme a défini l'humanisme bien avant l'Europe moderne. L'Alévisme est une voix d'accomplissement personnel et transmet des valeurs d'universalisme et de libre arbitre. Les alévis ne croient pas en une puissance supérieure qui intervient dans nos vies, mais promeuvent la responsabilité personnelle de l'individu.

Les habitants de la vallée du Munzur sont uniques et rares: kurdes de souche dans un pays à majorité turque, et alévis entourés d'une population à majorité sunnite. Étant donné que même la plupart des kurdes sont sunnites, les kurdes alévis (ou alévis kurdes) constituent une super-minorité, à l'exception de la région du Dersim où ils représentent plus de 90% de la population. La langue locale est le zazaki, apparentée au kurmandji parlé par la plupart des kurdes.


Grâce à la topographie accidentée et à l'isolement géographique de la vallée, ses habitants ont pu conserver un sens profond de leur identité culturelle et religieuse. Le Dersim est considéré comme le dernier grand bastion des croyances et des traditions alévies kurdes. On se croirait dans une contrée presque magique, où l’impressionnante nature et sa culture unique sont inséparables - comme si l’endroit serait moins beau sans les gens qui y vivent, et que la culture perdrait sûrement de sa vitalité en dehors du paysage dans lequel elle se développe.


«Nous ne croyons pas au paradis après la mort. Pour nous, le paradis est la vie que nous vivons maintenant. Pour nous, le paradis et l'enfer peuvent être ici sur cette terre. "


Bonté, générosité, acceptation sans réserve des autres, traiter les gens et le monde avec respect sinon amour - c’est l’éthique et la pratique quotidienne de l’Alévisme - ce que l’on appelle «la règle du yol» - le chemin des alévis.


Bien sûr, le Dersim n’est pas une utopie où vivent des gens parfaits et éclairés - mais il est impossible de ne pas sentir la chaleur et la gentillesse sincères qui émanent de tant de gens entre eux, de manière organique et sans effort artificiel.

Les habitants du Dersim ont tendance à rejeter l'idée que leur religion est une branche de l'Islam. Il n’est pas rare que les habitants déclarent aux étrangers qu’ils ne sont pas musulmans, ceci dans un effort préventif visant à dissiper toute confusion possible quant à leur identité. Cela est dû en partie au fait que les alévis sont depuis longtemps discriminés par la majorité musulmane sunnite de Turquie et que les habitants du Munzur ne veulent pas être confondus à un groupe qui les méprise. Ils estiment également qu'être classés dans la catégorie islamique est une présentation erronée de l'Alévisme, trahissant à la fois l'essence et l'histoire de leur religion.


Les alévis du Munzur retracent les origines de leur foi selon d'anciennes traditions zoroastriennes et chamaniques antérieures à l'Islam de plusieurs siècles, un mélange de zoroastrisme, de bouddhisme, de chamanisme, de soufisme et d'autres traditions mystiques, avec quelques éléments éventuellement incorporés à partir d'interprétations gnostiques du chiisme et du christianisme.


Les alévis du Munzur ne lisent pas le Coran. Ils rejettent les «piliers» fondamentaux de l'Islam, notamment le jeûne du ramadan, le hadj à la Mecque et l'obligation de prier cinq fois par jour.


L'Alévisme est centré sur le batın -le monde intérieur aux significations cachées où la vérité spirituelle est révélée - et non pas le zahir –surface, apparences extérieures. Ce qui est important pour eux est le développement spirituel intérieur et non les démonstrations extérieures de la foi ou le strict respect d’une litanie de règles. Bien qu’il existe une liste de choses à faire et à ne pas faire auxquelles les Alevis doivent obéir, comme ne pas voler, assassiner ou commettre un adultère, l’accent est mis avant tout sur le fait de traiter les autres ainsi que la nature avec amour et respect.

Introduction: merci à Munzur Valley et Café Babel.


Pics from Akin Gedik